À une époque où certaines langues s’imposent à des milliards d’êtres humains sous l’effet de la mondialisation, il est intéressant de questionner l'ambition de rendre accessible l’Évangile dans la langue de cœur de chacun.
Les peuples sans accès à l’Évangile ont pour caractéristique de ne n’avoir pas ou trop peu de témoignage chrétien autochtone pour assurer la diffusion du message de la bonne nouvelle en leur sein, sans aide extérieure. En outre, ils sont bien souvent caractérisés par le fait de ne pas avoir de Bible traduite, en partie ou en totalité, dans leur langue. Pourtant, nombre d’entre eux parlent d’autres langues : des langues véhiculaires qui leur permettent d'échanger avec d'autres peuples et pour lesquelles une traduction de la Bible existe déjà.
Alors pourquoi est-il nécessaire de rendre accessible l’Évangile dans leur langue de cœur ?
Les langues véhiculaires ne sont pas ou peu maîtrisées par les peuples puisqu’elles ne sont pas leur langue de cœur. « La langue de cœur c’est celle avec laquelle on se sent le plus à l’aise. Celle avec laquelle on pense, on prie intérieurement. » explique André Tousch, missionnaire SIM*. C’est souvent la langue maternelle avec laquelle l’enfant a grandi et qui est parlée dans les familles et la communauté locale. La notion de langue de cœur est cruciale pour l’appropriation de l’Évangile des peuples et individus qui les composent. « La langue de cœur rend Dieu plus proche, plus intime » renchérit Hilary Deneufchâtel, missionnaire SIM*.
Faisons l’analogie avec une situation qui est probablement celle de la majorité de nos lecteurs. Le français est notre langue de cœur, et l’anglais une langue véhiculaire utilisée çà et là (à l’école, au travail…). Beaucoup parlent l'anglais suffisamment pour avoir des conversations construites, mais combien le maîtrisent au point d’instinctivement penser, prier, s’exprimer dans cette langue ? Pour apprendre à connaître Dieu et à développer une intimité avec Lui, notre langue de cœur est indispensable !
« Sans Évangile apporté dans la langue de cœur des peuples, un peuple qui se tourne vers Christ ne sera pas assez bien équipé pour faire face aux épreuves de la foi quand elles viendront » avance Jérémie, missionnaire SIM*. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’apporter la bonne nouvelle de Christ aux peuples sans accès à l’Évangile dans leur langue favorise l’émergence de communautés de croyants fortes qui contribuent elles-mêmes au rayonnement de la Parole de Dieu !
L’histoire va dans ce sens. Ce fut le cas pour toute l’Afrique du Nord, qui fut très tôt christianisée mais sans traduction de la Bible dans les langues locales. « Lorsque l’Islam s’est répandu dans cette région au VIIe siècle, seule l’Église d’Egypte qui avait une traduction copte a été en mesure de subsister à près de 1400 ans d’hégémonie musulmane » explique André. De même dans la région du Caucase où les seules églises de pays christianisés qui ont survécu à l’islamisation de la région sont celles d’Arménie et de Géorgie qui avaient la Bible traduite dans leur langue.
« Notre conviction, c’est que pour avoir une église solide, il faut que chaque croyant puisse lire, étudier, mémoriser la Bible dans sa propre langue » appuie André. La Parole de Dieu est le fondement de la foi chrétienne (Romains 10.17). La rendre accessible favorise donc la croissance spirituelle dans les dimensions collective et individuelle.
SIM est impliquée dans cet effort de traduction de la Bible et plus globalement de diffusion de l’Évangile, que ce soit en initiant des projets ou en intégrant des projets déjà en cours. Le plus souvent, en collaboration avec des organisations spécialisées. Ainsi, au niveau de SIM France-Belgique, 5 missionnaires sont actuellement impliquées dans des ministères liés à la traduction de la Bible. C’est le cas de Jérémie, d’André et son épouse Aurélie, d’Hilary, à la tête d’une équipe de traduction de l’Ancien Testament en langue monkolée au Bénin. La Bible a été complètement traduite en 2021 et Hilary est en train de se former pour être conseillère en traduction. Enfin, Morgane n’est pas directement impliquée dans la traduction de la Bible, mais son ministère dans l’alphabétisation est en soutien direct à cet effort de traduction (voir P.12).
Notre prière, c’est que tous les peuples du monde, quelle que soit leur taille, leur langue, leur localisation puissent entendre la bonne nouvelle de Christ et comprendre Sa Parole, pour avoir la possibilité de vivre pour Lui et de faire des disciples autour d’eux.
CHIFFRES CLÉS
1,5 Milliard
nombre de personnes sur terre qui n'ont pas la Bible traduite complètement dans leur langue
145 Millions
nombre de personne sur terre qui n'ont aucune portion de la Bible traduite dans leur langue
2217
nombre de projets de traduction de la Bible (Ancien Testament et/ou Nouveau Testament) en cours dans le monde
31
nombre de traductions du Nouveau Testament achevées pendant l'année 2021
30
nombre d'années moyennes nécessaire à la traduction complète de la Bible
13
nombre de traductions de la Bible achevées pendant l'année 2021
*NOS MISSIONNAIRES IMPLIQUÉS
Hilary Deneufchâtel : anciennement responsable de traduction de l'Ancien Testament en monkolé (Bénin), et actuellement en formation pour être conseillère en traduction
André Tousch : traduction du Nouveau Testament en iski (Papouasie-Nouvelle-Guinée).
Jérémie : traduction de l'Ancien Testament en iakout (Russie).
Morgane Soudrain : alphabétisation (Cameroun)
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