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  • Vincent Wastable

Église d'envoi : Manu Renard répond à nos questions

Dernière mise à jour : 2 mars 2023

Plusieurs membres de l'Église Baptiste de Pontault-Combault sont missionnaires dans des contextes transculturels (la famille Short, les Balon et Jérémie et Véra sont envoyés via SIM). Discussion avec le pasteur, Manu Renard, concernant sa conception de la mission.


Manu Renard

Vous êtes le pasteur principal de l’Église Baptiste Pontault-Combault. Pouvez-vous présenter cette église ?


L’Église Protestante Baptiste de Pontault-Combault est née en octobre 1994 au travers du ministère de Chris et Geneviève Short. L’Église a connu une croissance régulière et encourageante au fil des années et des changements de bâtiments. Notre famille a rejoint l’Église en 2009 pour collaborer avec Chris et Geneviève. L’influence commune de l’organisation Opération Mobilisation - OM sur nos vies a beaucoup inspiré les valeurs et priorités que nous voulions développer dans la vie de l’Église et de ses membres : l'accessibilité aux non-chrétiens, multiculturalité épanouie, une priorité à la prière, une culture de grâce et de confiance, des responsables-serviteurs, etc.


"Au fil des voyages missionnaires en équipe, le Seigneur appelait des personnes à partir."

L’ADN missionnaire transculturel de votre Église est marqué. Comment l’expliquez-vous ?


Très rapidement après ma conversion, les biographies missionnaires m’ont passionné. Mon expérience en Corée du Sud m’a fait prendre conscience de l’importance d’une vision missionnaire au sein de l’église locale. En devenant pasteur, j’ai compris que si je n’étais pas devenu missionnaire, c’était peut-être pour faciliter l’appel et l’envoi de missionnaires. Quand nous sommes arrivés en 2009, l’Église venait d’avoir son premier voyage missionnaire en Tunisie. J’ai voulu utiliser cette expérience pour commencer à sensibiliser l’assemblée à sa vision et à ce que nous pourrions apprendre avec Dieu si comme les anciens d’Antioche, en Actes 13, nous nous mettions à Son écoute. Le Seigneur n’a pas tardé à parler en appelant une des membres de l’équipe à se lever pour les besoins dans ce pays. C’était le début d’un mouvement "voyage – appel – envoi – voyage – appel – envoi…" Au fil des voyages missionnaires en équipe (Tunisie, Côte d’Ivoire, Maroc) le Seigneur appelait des personnes à partir. L’Église expérimentait elle-même ce que signifiait vivre la mission.


"J’ai pris conscience que nous avions perdu de vu la nécessité de s’impliquer dans la mission au loin, pas à la place du témoignage au près, mais en plus."

On parle de plus en plus de la mission au près, alors pourquoi une église locale devrait aussi investir dans la mission au loin ?


Il me semble que c’est une erreur d’opposer les deux. Nous sommes tous disciples et témoins là où nous vivons. Mais lors de mon premier voyage au nord de la Côte d’Ivoire, j’ai compris la réalité spirituelle d'un peuple qui n’a pas ou très peu d’accès à l’Évangile, faute de bibles dans sa langue, de chrétiens, d’églises etc. Malgré mon passé avec Opération Mobilisation, j’ai pris conscience que nous avions perdu de vue la nécessité de s’impliquer dans la mission au loin, pas à la place du témoignage au près, mais en plus. Beaucoup d’églises pensent aussitôt qu’elles se mettent une pression en saisissant cela. Notre expérience est tout l’inverse d’une pression écrasante et culpabilisante. Nous avons simplement souhaité avancer par la foi quand le Seigneur ouvrait une porte vers un plus grand engagement dans la mission au loin. À chaque fois, il a pourvu en finances, en personnes etc. et nous avons vécu des réponses à la prière miraculeuses.


Comment une église peut vivre son ADN missionnaire selon vous ?


Je crois qu’elle doit partir de sa situation présente, se mettre à l’écoute de Dieu par la prière et faire un premier pas. Beaucoup de nos églises ont un contact avec des missionnaires, mais il est souvent peu profond ou alors l'interaction est limitée à quelques membres de l’Église. Il me semble que le pasteur ou les responsables ont un rôle important. S’ils ne sont pas convaincus eux-mêmes ce sera difficile de développer cet ADN au sein de l’Église.


"Les voyages missionnaires pour encourager nos missionnaires envoyés ont considérablement stimulé l’intercession et l’implication de l’Église dans l’envoi et le suivi relationnel."

Les missionnaires issus de votre assemblée sont-ils envoyés intentionnellement par l’Église ou simplement soutenus dans leur projet personnel ? Comment voyez-vous le rôle de l’Église locale dans l’envoi ?


Le Seigneur appelle personnellement certains membres à un engagement pour une mission au loin. Mais il me semble que l’Église locale doit pouvoir reconnaître et approuver cet appel. Elle doit soutenir dans la prière et les finances ce missionnaire puis maintenir une relation aussi forte que possible une fois ce missionnaire envoyé. Nous donnons une place importante aux sujets de prière concrets de nos missionnaires dans les réunions de prière afin que les membres puissent saisir le combat spirituel que vivent nos missionnaires. Les voyages missionnaires pour encourager nos missionnaires envoyés ont considérablement stimulé l’intercession et l’implication de l’Église dans l’envoi et le suivi relationnel.


Dans l’optique où l’Église envoie, pourquoi passer par une organisation telle que SIM pour le faire ?


L’Église locale et l’organisme missionnaire comme SIM sont complémentaires. Une Église locale a besoin du savoir-faire d’une telle organisation. L’envoi d’un couple missionnaire dans un pays où l’accès à l’Évangile est difficile suppose une préparation, une connaissance du contexte culturel et religieux, une collaboration entre l’Église d’envoi, les responsables chrétiens dans le pays d’envoi, les autres missions éventuelles etc. C’est un travail qu’une Église locale ne sait pas et ne peut faire correctement. Églises locales et organismes missionnaires doivent travailler en bonne intelligence. Bien souvent l’Église locale « se décharge » sur les organisations missionnaires plus qu’elle ne collabore avec elles. Nous devons corriger cette mauvaise habitude.

Comment une Église peut prendre soin de ses envoyés alors qu’elle est éloignée d’eux géographiquement, et contextuellement, des réalités qu’ils observent et vivent ?


Quand cela est possible, je crois que des voyages court-termes de quelques membres de l’Église auprès des missionnaires envoyés sont la meilleure manière de prendre soin : les missionnaires se sentent soutenus et encouragés, les membres comprennent et ressentent le contexte spirituel dans lequel les missionnaires évoluent, des liens spirituels peuvent se tisser avec des chrétiens locaux et être une bénédiction mutuelle. Nos équipes sont toujours revenues avec le sentiment d’avoir été plus encouragées qu’elles n’avaient pu encourager. Dans le cas où le voyage est difficile voire impossible, il faut communiquer régulièrement. Plus que de longues lettres de nouvelles, des sujets de prière concrets envoyés par le missionnaire et relayés efficacement au sein de l’Église nous a permis de vivre des réponses à la prière qui réjouissaient autant le missionnaire envoyé que l’Église qui avait envoyé.



Lorsque ces missionnaires reviennent, que ce soit pour un cycle de congé missionnaire (comme les Short cette année) ou pour un retour définitif (cas des Balon), comment l’Église les accueille-t-elle ?


C’est en effet important que l’Église se prépare à accueillir ses missionnaires lorsqu’ils reviennent pour une pause ou définitivement. Réfléchir et anticiper leurs besoins est une marque d’amour envers eux tout aussi importante que lors de l’envoi. Il est important de favoriser leur repos spirituel et émotionnel et de ne pas les surcharger parce qu’ils sont de retour. Il faut évidemment prendre le temps de les écouter et de débriefer avec eux. Il faut aussi trouver l’occasion pour ces missionnaires de transmettre à l’Église ce qu’ils ont appris sur Dieu, sur eux-mêmes, le corps de Christ, la mission etc.

 

Cet entretien est la version complète de celui présent sur le magazine S'IMMERGER N°23.








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