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  • Philippe Hutter

Congés missionnaires : quésaco ?

Dernière mise à jour : 6 juil. 2023

Beaucoup de chrétiens peuvent se demander ce qu'est un congé missionnaire. S'agit-il de vacances prolongées ? Éléments de réponse dans cet article.



Notre missionnaire est encore en congé - pourquoi a-t-il tant de vacances ?


Scène de Conseil d’Anciens dans l’église :

Le missionnaire « de l’Église » vient d’envoyer sa circulaire : il revient au pays ! On va enfin pouvoir passer du temps avec lui. Vite, regardons le planning des prochains cultes… pas de place rapidement pour lui. Tant pis, on le programmera plus tard—voyons, combien de temps reste-t-il ? 1 an ? [ou : 3 mois, 6 mois ...] Mais qu’est-ce qu’il peut bien faire pendant tout ce temps ?

La présence d’un missionnaire au pays soulève bien des questions. Selon les cas, on s’interroge sur la durée de sa présence (3 mois / 6 mois / 1 an de vacances ! Mais ce n’est pas sérieux !), sur la fréquence de ses retours (Quoi ? Il est encore là ? Mais il passe son temps à voyager !) voire sur la pertinence de ce retour (Mais que devient son ministère au loin ? Aurait-il abandonné son appel ?).

Pourtant, le « congé missionnaire » [1] fait bel et bien partie intégrante du ministère missionnaire. Loin d’être des vacances prolongées, du tourisme ou un abandon de poste, c’est un temps essentiel dans un engagement missionnaire à long terme.


Ces retours répétitifs sont-ils justifiables bibliquement ?

Considérons l’exemple de Paul. Appelé en mission par l’Esprit du sein de l’église d’Antioche, il traverse Chypre, passe à Perge, Antioche de Pisidie, Iconium, Lystre et Derbes puis revient, plus ou moins par le même chemin, à son point de départ. Le monde entier a été évangélisé ? Non, évidemment. Alors, pourquoi revient-il ?

Il revient à Antioche pour « raconter (à l’Église qui les avait recommandés à la grâce de Dieu) tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi » (Actes 14.26-28).

Les missionnaires ne sont pas des francs-tireurs. Ils sont envoyés et soutenus par des églises et encadrés par des organisations missionnaires [2] avec qui, de ce fait, ils sont partenaires.


Le ‘congé missionnaire’ fait partie intégrante du ministère.


Ce n’est pas un abandon de poste, c’est une simple étape…

L’appel pour la mission, reçu par une personne et reconnu par l’église, se concrétise dans le cadre d’une organisation missionnaire, qui encadre le service ‘sur le terrain’. Dans la majorité des cas, son affectation est rythmée par des cycles « temps de travail sur le terrain / retour au pays » dont le tempo est propre à chaque organisation.

Le missionnaire en « congé » au pays reste un missionnaire, le temps qu’il passe au pays fait partie de son engagement missionnaire.


Ce n’est pas du tourisme, c’est un besoin légitime…

Revenir au pays, se loger, organiser des réunions un peu partout est lourd et coûteux ; on ne peut évidemment pas le justifier par le simple désir de changer d’air ou de se promener.

Au-delà de la justification initiale (partager avec ses partenaires l’œuvre accomplie), le temps de « congé missionnaire » répond en fait à un ensemble de besoins et de nécessités : le repos, bien sûr, mais aussi maintenir la communion avec ses partenaires (Églises et croyants individuels), faire le point avec son organisation missionnaire et enfin se retrouver avec sa famille.

  • Le repos, parce que le missionnaire vit bien souvent sous pression », dans un pays dont le climat, les coutumes, l’alimentation diffèrent de « la maison » ; vivre et travailler dans ces conditions a un coût en termes d’usure physique et psychique.

  • La communion avec ses partenaires, parce que la mission n’est pas un business, mais une œuvre ; ses « commanditaires » ne sont pas des actionnaires, mais des frères et des sœurs - et si l’on n’y prend pas garde, ces liens fraternels essentiels peuvent se distendre et se rompre.

  • La rencontre avec son organisation missionnaire, parce qu’il est impératif de faire régulièrement le point – débriefing, finances –, avant de définir et organiser le cycle suivant.

  • La famille, aussi, parce que partir en mission, c’est partir souvent loin, pour des périodes prolongées, et quitter ses parents, parfois âgés, ses frères et sœurs, puis un jour… ses enfants qui restent au pays. Partir en mission avec ses enfants, c’est aussi les priver de leurs grands-parents… et priver ses parents de leurs petits-enfants ! Ces retrouvailles familiales sont une nécessité.


Ce ne sont pas (que) des vacances, c’est aussi du travail…

Sur un plan très concret, le missionnaire en « congé » a aussi un rôle actif à jouer pour réactiver le soutien spirituel et financier indispensable à la poursuite de son ministère. Sans prière ou sans financement, son ministère risque de faire long feu. Bien sûr, in fine c’est Dieu qui pourvoit, mais toujours au travers de Ses enfants…

Il peut aussi jouer, au cours de ses visites, un rôle majeur pour stimuler la vision missionnaire de l’église.

Enfin, ce temps au pays peut être pour lui l’occasion de compléter sa formation, théologique ou pratique.


Le « congé missionnaire » ? Un temps essentiel pour un ministère durable !


Le bilan de ce temps de « congé » se mesure essentiellement en termes de :

  • bienfait immédiat pour le missionnaire (ressourcement, repos physique et psychologique),

  • ressources concrètes (soutien du missionnaire et financement des différents projets dans lesquels il est engagé),

  • actualisation de sa situation (débriefing du cycle précédent et définition de ses objectifs pour le cycle suivant).


Mais au-delà, il ouvre aussi un large éventail de potentialités pour l’avenir : vocations suscitées parmi les auditeurs, engagement ou réengagement des églises dans le soutien actif à la moisson, etc.


De quand date la dernière visite d’un missionnaire dans votre Église ?

 

[1] Dans les milieux anglophones, on utilise le mot ‘furlough’, qui désigne une permission militaire... [2] Cf. le post « Qui envoie ? L’église locale ou l’organisation missionnaire ? » sur ce blog

 
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