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Tribune - Viser la croissance lente dans la mission transculturelle

  • Photo du rédacteur: Benjamin Eggen
    Benjamin Eggen
  • 24 juin
  • 3 min de lecture
Benjamin Eggen

Benjamin Eggen est pasteur. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus ? et Qu’est-ce que tu crois ? Il est également blogueur pour le site toutpoursagloire.com et youtubeur.

Notre société semble gouvernée par l’optimisation. Tout doit être le plus efficace possible. C’est la productivité qui dicte nos choix et nos actions, pour le meilleur et pour le pire.


Chercher à être productif n’est pas forcément mauvais. En grande partie, cela peut rejoindre le désir de mettre à profit le temps que Dieu nous donne. En revanche, nous devons être vigilants à ne pas appliquer une « logique de productivité » à la foi chrétienne, en particulier en ce qui concerne le progrès de l’Évangile.


En ce sens, je suis parfois inquiet par certaines manières modernes de considérer l’évangélisation et la mission. Par désir d’atteindre les nations, on se tourne vers les « méthodes » les plus « efficaces », qui permettraient d’atteindre le maximum de personnes avec le moins de temps et d’efforts possibles. (Je me concentre dans cet article sur la mission « au loin », mais la même logique s’applique à tout effort de partager l’Evangile, que ce soit dans notre pays ou à l’étranger.)


Suivant une telle logique, les exigences pour les missionnaires sont réduites. Par exemple, l’apprentissage d’une langue est réduit au strict minimum, plutôt que de viser l’aisance orale qui permettra de communiquer fidèlement l’Evangile et de discuter de sujets profonds avec les interlocuteurs. Ou encore, il est possible de réduire l’évangélisation à un simple partage d’information, au contenu le plus basique possible, sans forcément chercher la profondeur ni la compréhension de ceux qui écoutent. Enfin, il est également facile de viser l’annonce de l’Evangile d’une manière à obtenir une profession de foi, sans s’intéresser suffisamment à la vie de disciple qui en découle, à l’établissement d’églises locales solides et saines, qui permettraient à des locaux de porter le travail à long terme.


Avec une telle approche, le résultat est peut-être impressionnant en termes de chiffres, mais pas en termes de profondeur du ministère qui est accompli sur le terrain.


Le désir de partager l’Evangile au plus grand nombre est bon. Tout comme le désir que l’Evangile progresse jusqu’aux extrémités de la terre, atteignant en particulier les peuples qui sont encore sans accès à l’Evangile. Puisse plus d’églises et de chrétiens avoir cette ambition dans le cœur !


Toutefois, ce but ne doit pas être poursuivi en recherchant l’efficacité à tout prix, surtout si cette efficacité est déterminée avec un simple chiffre (que ce soit le nombre de personnes « atteintes », ou le nombre de personnes qui ont fait profession de foi).


Nous avons besoin de redécouvrir la puissance de la croissance lente, qui vise la fidélité plutôt que l’efficacité, la profondeur plutôt que la superficialité.


N’est-ce pas là l’exemple des missionnaires qui nous ont précédé ? Nous apprécions le témoignage de vie de missionnaires comme William Carey, Hudson Taylor, Adoniram Judson, Charles Studd, et beaucoup d’autres. Oui, ils cherchaient à utiliser leur temps et leur énergie pour la gloire de Dieu, et en ce sens ils étaient « productifs ». Mais pas à tout prix ! Ils n’ont pas pris de raccourci sur la nécessité d’apprendre la langue de ceux qu’ils voulaient atteindre, malgré les difficultés, ni sur la profondeur du message à partager, ni sur la qualité de la traduction biblique qu’ils visaient, ni sur le temps requis à passer sur place malgré le peu de « fruits visibles », etc.


Comme l’apôtre Paul, ils cherchaient à se faire tout à tous en vue du salut de leurs interlocuteurs (cf. 1 Corinthiens 9). Cela impliquait qu’ils cherchaient à comprendre leur culture, leur langue, leurs interrogations, afin de partager la parole de Dieu en visant la compréhension et la profondeur, même si c’était plus lent.


Nous avons besoin de nous rappeler que les serviteurs de l’Evangile ne sont pas jugés en fonction de la rapidité de la croissance. Comme Paul l’explique en 1 Corinthiens 4.1-2 :

« Ainsi, qu'on nous regarde comme des serviteurs de Christ et des administrateurs des mystères de Dieu. Du reste, ce qu'on demande des administrateurs, c'est que chacun soit trouvé fidèle. »

Nous visons la fidélité, pas la productivité. Nous plantons et nous arrosons, mais nous savons qu’au final, c’est Dieu qui fait croître (1 Corinthiens 3.6).


Une telle conception de la mission est un encouragement précieux pour tout serviteur de l’Evangile : ce que le Seigneur demande de nous, ce ne sont pas les chiffres... mais la fidélité. Ce sera peut-être beaucoup plus lent que nous aurions souhaité, mais l’impact à long terme – dans l’éternité – sera bien plus beau.


Cet article est également publié sur le blog de Benjamin Eggen



L'auteur fonde ses réflexions en partie sur le livre No Shortcut to Success de Matt Rhodes. Commandable en anglais ici.


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SIM France-Belgique est une organisation missionnaire chrétienne qui mobilise, envoie et accompagne des missionnaires parmi les peuples du monde avec le moins d'accès à l'Évangile. Rattachés à SIM International et son réseau de 70 entités nationales et 4000 collaborateurs, nous œuvrons depuis 1978 pour partager l'Espérance évangélique à celles et ceux qui ne connaissent pas Christ. 

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