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Jim et Elisabeth Elliot, un amour à l’exemple de Christ pour les Huaoranis

  • Photo du rédacteur: SIM France-Belgique
    SIM France-Belgique
  • il y a 4 jours
  • 9 min de lecture

« Il n'est pas si fou, celui qui renonce à ce qu'il ne peut garder pour obtenir ce qu'il ne peut perdre » Cette citation, que Jim avait recopié dans son journal, décrit bien la vie de Jim et Elisabeth Elliot. Ce couple savait ce que cela voulait dire de donner leur vie au service de Dieu. Leur désir d’annoncer Christ là où il était le moins connu les poussa à aller vivre au fin fond de la jungle équatorienne, dans l’espoir d’apporter l’Évangile à une tribu hostile aux étrangers. Les épreuves qui s’en suivirent démontrèrent la souveraineté de Dieu qui ne se limite pas aux plans humains.


Elisabeth et Jim Elliot
Elisabeth et Jim Elliot

[SÉRIE - MISSIONNAIRES : CES PERSONNES ORDINAIRES QUI ONT RÉPONDU À L'APPEL D'UN DIEU EXTRAORDINAIRE]


Un cœur grandissant pour un peuple sans accès à l’évangile


Philip James Elliot est né en 1927, en Oregon, à l’ouest des États-Unis. Il était le 3ème de 4 enfants d’une famille chrétienne qui encourageait chacun à vivre sa vie entièrement pour Christ. En 1941, il entra en école secondaire technique pour étudier le dessin d’architecture. Il avait un talent d’orateur, et vivait sa foi dans les décisions qu’il prenait au quotidien. Après l’école technique, en 1945, Elliot passa 3 ans à Wheaton College pour étudier la théologie. L’année suivante, alors qu’il participait au Camp Wycliff, il rencontra un ancien missionnaire auprès des Quechuas en Equateur. Celui-ci lui parla des Huaoranis (appelés aussi Aucas, ce qui veut dire « sauvages nus » en Quechua), un peuple indigène réputé violent et hostile envers les étrangers et qui n’avait aucun accès à l’Évangile.


Bien qu’on l’encouragea à entrer dans le ministère aux Etats-Unis, Elliot refusa, y trouvant l’église déjà bien nourrie. Il se mit à chercher un homme célibataire qui puisse l’accompagner en Equateur et se rapprocha d’Ed McCully, qui avait étudié à Wheaton en même temps que lui. Le rêve d’Elliot de partir en Equateur semblait prêt à se réaliser, mais McCully rencontra une jeune femme lors d’une tournée d’églises et l’épousa. Voulant investir dans sa relation avec sa jeune épouse, ce dernier annonça qu’il ne pouvait plus partir en Equateur. Elliot, cherchant toujours quelqu’un avec qui partir, rencontra Pete Fleming. Ce dernier était fiancé, mais rompit ses fiançailles pour accompagner Elliot. Cette rupture n’était heureusement que temporaire et il épousa sa fiancée quelques années plus tard.


Elliot lui aussi dut faire un choix entre suivre son cœur ou son appel. La jeune femme qui attira son attention était Elisabeth Howard.


Elisabeth était née à Bruxelles à la fin de 1926 dans une famille missionnaire. Sa famille rentra aux États-Unis alors qu’elle n’avait que quelques mois. Sentant un appel pour traduire la Bible dans une langue inconnue, elle partit étudier le grec à Wheaton College. C’est là-bas qu’elle rencontra Elliot, mais ce n’est que quelques années plus tard, que leur intérêt l’un pour l’autre prit de l’envergure.

 

Départ vers l’inconnu


Fidèle à son désir de mettre Dieu en premier dans sa vie, Elliot priorisa l’appel que Dieu lui avait donné, plutôt que de suivre son cœur. Il choisit donc de partir en Equateur sans attaches. Elisabeth aussi sentit Dieu la conduire là-bas, et c’est ainsi que, chacun de leur côté, Jim et Elisabeth se rendirent en Equateur en 1952.


Les nouveaux arrivés passèrent du temps à Quito, vivant dans des familles locales afin d’apprendre l’espagnol. Jim et Elisabeth se rapprochèrent davantage pendant ce temps d’apprentissage de langue et se marièrent en 1953. Elisabeth rejoignit alors Jim dans son travail auprès des Quechuas à Shandia où ils eurent la joie d’accueillir leur fille, Valérie, en 1955.

 

Premiers contacts avec les Huaoranis


Le rêve de Jim d’atteindre le peuple Huaorani, qu’il avait depuis sa conversation avec le missionnaire, était partagé avec d’autres, y compris Ed McCully qui, malgré tout, était arrivé en Equateur avec sa jeune famille, à la fin de 1952. Aucune personne étrangère n’avait pu visiter cette tribu et revenir vivant, et même les tribus voisines la craignaient. La compagnie pétrolière Shell avait essayé de prendre contact avec eux, voulant exploiter les ressources de la région, mais ceci avait mal tourné et la tribu avait tué plusieurs de leurs travailleurs. Malgré ces dangers, Jim Elliot, Ed McCully et Nate Saint décidèrent de tout mettre en œuvre pour atteindre ce peuple. Pete Fleming et Roger Youderian se joignirent à eux par la suite.


Saint, aviateur avec la MAF (Mission Aviation Fellowship), servait la communauté missionnaire au travers de son travail de pilote. Il commença à chercher des traces de la tribu par les airs. Finalement ce fut lors d’un voyage avec McCully, que l’emplacement d’un village huaorani fut découvert en septembre 1955. Les missionnaires décidèrent d’établir le contact avec la tribu en leur offrant des cadeaux, qu’ils déposèrent d’abord par parachute, au moyen d’une corbeille attachée à une corde qu’ils faisaient descendre de l’avion grâce à une méthode que Saint avait développée. Grande fut la joie des missionnaires lorsqu’un jour, les Huaoranis mirent eux-mêmes un cadeau dans le panier. C’est ainsi que les missionnaires reçurent de la viande grillée, des plumes, des peignes et même un perroquet vivant ! Ils ajoutèrent par la suite des photos de chacun des hommes tenant les cadeaux reçus, afin que les Huaoranis les reconnaissent le jour où ils se verraient enfin face à face.

 

Une rencontre inoubliable


Après quelques mois, le groupe de missionnaires sentait qu’il était temps de rencontrer les Huaoranis. Saint avait trouvé une plage sur la rivière avoisinante sur laquelle il pouvait atterrir. Ils appelèrent cette plage ‘Palm Beach’. Les hommes préparèrent des provisions et les matériaux pour construire une cabane dans un arbre, qui pourrait être un lieu de refuge en cas d’attaque. Une fois installés, les hommes attendirent avec impatience la rencontre avec la tribu, qu’ils savaient être aux alentours à les observer. Ils avaient pu apprendre quelques salutations et phrases simples dans leur langue auprès d’une femme huaorani, nommée Dayuma, qui avait fui sa tribu et vivait parmi les quechuas. Après quatre jours d’attente qui semblaient interminables, le 6 janvier 1956, les missionnaires reçurent leur première visite. Un homme et deux femmes vinrent à la plage juste avant midi. Ils ne pouvaient pas avoir une discussion avec eux, mais les 3 équatoriens semblaient à l’aise et intrigués par toutes les affaires des missionnaires. Ils passèrent quelques heures ensemble, regardèrent et touchèrent l’avion et Saint emmena même l’homme faire un tour dedans, passant au-dessus du village. Puis les trois repartirent dans l’après-midi. Les missionnaires partagèrent avec joie la nouvelle par radio avec Marjorie Saint, restée à la station. Les 5 hommes ne revenaient pas de ce premier contact si précieux et attendaient avec impatience de faire connaissance avec le reste de la tribu. Ils avaient pris des photos pour préserver le souvenir de cette rencontre. Dimanche midi, Saint appela sa femme à la radio plein d’enthousiasme et lui dit qu’il était sûr que c’était le jour où les Huaoranis allaient enfin venir, qu’ils attendaient leur arrivée vers 14h30. En effet en survolant le village, il avait vu un groupe d’hommes partir en direction de la plage. Après lui avoir dit de continuer à prier, il précisa qu’il rappellerait à 16h35 pour donner des nouvelles.


Les femmes, restées dans leurs stations attendaient avec impatience les nouvelles. Mais 16h35 arriva, puis passa… sans nouvelles…


Le lendemain, un autre pilote de MAF, contacté par Marj Saint qui n’avait toujours pas de nouvelles de son mari, survola la plage et vit l’avion en morceaux et un corps. Aucune trace de vie à proximité. Une équipe fut déployée pour chercher des survivants et rapatrier le corps, mais ce fut finalement 5 corps qui furent trouvés, tous transpercés de lances. La montre arrêtée de Saint indiquait 15h12…


Un groupe d’une dizaine d’Huaoranis avait attaqué les missionnaires, puis balancé les corps dans la rivière.

 

Dieu souverain en toutes circonstances


Bien que secouées par la nouvelle, les 5 veuves, dont quatre avaient des enfants en bas âge, prirent sur elles de ne pas se laisser abattre et acceptèrent que telle devait être la volonté de Dieu. Des années plus tard, en repensant à l’évènement, Elisabeth se rappela que les femmes, malgré leur peine, avaient l’impression que Dieu était à l’œuvre même dans cette situation.

L’annonce de la mort de ces cinq jeunes hommes (qui avaient tous moins de 35 ans), entraina une ferveur dans la prière pour la tribu à l’étranger, mais bien plus encore chez les veuves elles-mêmes. Quatre d’entre elles restèrent en Equateur pour continuer le travail pour lequel leurs maris avaient donné leurs vies. Deux d’entre-elles restèrent dans la jungle, dont Elisabeth. Avec sa jeune fille âgée d’à peine un an, elle retourna à la station où elle avait travaillé avec Jim. En parlant avec un reporter 18 mois après le meurtre de son mari, elle dit « Mon cœur était ici avec les indiens, mais en même temps je ne savais pas comment je pouvais faire. Mais la conviction dans mon cœur m’a donné l’assurance que c’est ici que je devais être. Je suis venue en Equateur pour servir le Seigneur et pas Jim, et bien qu’il soit parti, mon devoir n’a pas changé ». Lorsqu’il lui a posé une question sur le manque de protection apparent de la part de Dieu, elle répondit « j’ai prié pour la protection de Jim, c’est-à-dire sa protection physique. La réponse que le Seigneur a donnée a surpassé ce à quoi je pensais. Il l’a protégé de la désobéissance à ce que Dieu lui disait de faire, d’aller parmi les Huaoranis ». Elisabeth resta 7 années de plus en Equateur.

 

Un renversement de situation


Depuis la mort de Jim, Elisabeth priait encore plus pour les Huaoranis, bien que souvent elle avait l’impression de prier pour leur salut sans y croire. En novembre 1958, deux femmes vinrent de la tribu et s’installèrent chez Elisabeth. À cause d’une situation compliquée, elles avaient décidé de se rendre à la merci des étrangers. Arrivées auprès des Quechuas parmi lesquels vivaient Elisabeth et Rachel Saint, la sœur de Nate, elles furent abasourdies de voir Dayuma que toute leur tribu pensait tuée par les étrangers. Elisabeth commença à apprendre la langue huaorani auprès d’elles, puis un jour, elles retournèrent à leur village. De retour dans leur village elles racontèrent ce qui c’était passé aux autres membres de la tribu et réussirent à les convaincre que ces étrangers n’étaient pas méchants. C’est ainsi que, peu de temps après, elles revinrent voir Elisabeth pour l’inviter, avec sa fille et Rachel Saint, à venir vivre avec eux dans leur village. Après avoir prié, les deux femmes reconnurent la main de Dieu dans ces évènements et acceptèrent. Elles entreprirent les trois jours de marche nécessaires et s’installèrent dans le village en octobre 1958. Il s’avéra que l’une des femmes venues chez Elisabeth était la grande sœur de la jeune femme qui avait rendu visite aux missionnaires sur la plage.


Elisabeth rencontra ceux qui avaient tué son mari. Elle fut surprise de découvrir que, même pour cette tribu à la réputation si féroce et qui avait tué son mari, c’était mal de tuer quelqu’un, sauf dans certaines conditions. Ils pensaient que tout homme extérieur était cannibale, et donc tuer était, pour eux, de la légitime défense. Leur manière de penser avait commencé à changer lorsque les deux femmes étaient revenues et les avaient convaincus que certains étrangers n’étaient pas mauvais. Les Huaoranis prirent soin d’Elisabeth et de sa fille, qui avaient décidé, autant que possible, de vivre comme eux. Dayuma, la jeune femme huaorani qui avait vécu parmi les Quechuas, partagea l’évangile avec la tribu et un grand nombre d’entre-eux se convertirent, dont ceux qui avaient tué les missionnaires. Ils changèrent de vie, prenant la décision de ne plus tuer de personnes, ne se servant de leurs lances à présent uniquement pour chasser.


En repensant à son temps parmi les Huaoranis, Elisabeth dit : « quand je suis allée chez les Huaoranis, je ne pouvais rien faire de ce qu’un missionnaire faisait habituellement, je ne pouvais pas prêcher ou enseigner, je ne pouvais pas beaucoup les aider dans le domaine médical, je n’avais certainement rien à leur offrir d’un point de vue social, je ne pouvais même pas témoigner, dans le sens habituel du terme. Puis un jour un verset m’a marqué alors que je lisais en Esaïe « C’est vous qui êtes mes témoins, déclare l'Eternel, ainsi que mon serviteur, celui que j'ai choisi afin que vous sachiez, croyiez et reconnaissiez qui je suis ». Être témoins, c’est connaitre Dieu. C’était ce que je voulais faire. Le connaître. Et il n’y a qu’une manière de le connaitre : l’obéissance. ».

 

Pendant son temps missionnaire, Elisabeth écrivit 3 livres. Puis après quelques années, elle partit s’installer aux États-Unis avec sa fille de 7 ans. Elle faisait des tournées dans les Églises et les écoles bibliques mais était déçue par la superficialité et la religiosité qu’elle y rencontrait, ainsi que par le peu d’intérêt à vraiment connaître Dieu. En réponse à cette réalité, Elisabeth écrivit son seul roman No graven image (« Pas d’image taillée ») en 1966. Ce roman a été reçu dans le monde chrétien d’une manière très polarisée : certains aimaient l’authenticité avec laquelle il avait été écrit alors que d’autres disaient qu’il était diffamatoire. Elle épousa Addison Leitch en 1969, mais celui-ci décéda 5 années plus tard. Elle se maria une dernière fois en 1977 à Lars Gren, avec qui elle vécut jusqu’à la fin de sa vie en 2015. Missionnaire, écrivaine, oratrice, Elisabeth Elliot connaissait ses manquements et savait que ce n’était que par la grâce de Dieu seule qu’elle pouvait avancer.


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À PROPOS DE SIM FRANCE-BELGIQUE

SIM France-Belgique est une organisation missionnaire chrétienne qui mobilise, envoie et accompagne des missionnaires parmi les peuples du monde avec le moins d'accès à l'Évangile. Rattachés à SIM International et son réseau de 70 entités nationales et 4000 collaborateurs, nous œuvrons depuis 1978 pour partager l'Espérance évangélique à celles et ceux qui ne connaissent pas Christ. 

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